La représentation des Français de l'étranger - Réunion avec Mathilde Quilleré

Mathilde Quilleré

Mercredi 21 avril, Mathilde Quilleré, tête de liste aux élections consulaires en Norvège et Islande, a animé une conférence sur la représentation des Français de l’étranger. Alexandre Holroyd, Député Français de l'étranger, Richard Yung, Sénateur des Français établis hors de France, Pierre Touzel, Conseiller MoDem élu à l’AFE et Marie-José Caron, Conseillère élue à l’AFE ont expliqué le rôle qu’ils occupent, et comment les 4 instances représentatives s’articulent entre elles.

À l’approche des élections consulaires, il est bon d’expliquer ou de rappeler comment les Français de l’étranger sont représentés.

La France est le seul pays dans le monde qui représente ses ressortissants de façon aussi complète: à l'Assemblée Nationale, au Sénat, à l'Assemblée des Français de l’étranger (AFE) et dans les Conseils Consulaires, nous rappelle Alexandre Holroyd.

Les Conseillers des Français de l’étranger

Ils sont 443 dans le monde, élus au suffrage universel direct par les Français de leur circonscription pour un mandat de 6 ans. 

Ce sont des élus locaux de proximité. Ils effectuent un travail bénévole. Ils représentent les Français de l’étranger auprès des ambassades et consulats de France a l’étranger et ils facilitent aussi le lien avec les parlementaires. 

Ils siègent au Conseil consulaire. Ils peuvent être consultés sur toutes questions relatives à la communauté, de la sécurité à l'économie en passant par la culture.

Ils participent à l'attribution des bourses scolaires et siègent aux conseils d'établissement des écoles françaises.

Ils sont également “grand électeur" et participent à l’élection des Sénateurs ou Sénatrices des Français de l’étranger.

L'Assemblée des Français de l’étranger

L’ Assemblée des Français de l’étranger (AFE) se compose de 90 conseillers, élus par et parmi les 443 conseillers des Français de l’étranger. Porte-parole et défenseur des droits et intérêts des Français résidant hors de France, elle est l’interlocutrice du gouvernement sur la situation des Français établis hors de France et les politiques conduites à leur égard.

Elle peut être consultée par le gouvernement, ainsi que par le président de l’Assemblée nationale ou par le président du Sénat sur la situation des Français établis hors de France et sur toute question consulaire ou d’intérêt général, notamment culturel, éducatif, économique ou social.

Les Députés des Français de l’étranger

Ils sont 11 dans le monde répartis en circonscriptions qui sont dessinées en fonction du nombre de Français inscrits sur les listes électorales. Ils disposent des mêmes pouvoirs que les députés élus sur le territoire français.

Les Sénateurs établis hors de France

Ils sont 12 dans le monde et contrairement aux députés, leur circonscription est constituée du monde entier. Ils sont élus pour six ans, renouvelés pour moitié tous les trois ans. Les sénateurs représentant les Français établis hors de France ont le même rôle que celui de tout autre sénateur.

Les moments forts

"S'il n'y avait pas de représentants des Français de l'étranger, il y a des sujets qui tomberaient à la trappe" explique Alexandre Holroyd.

Les Conseillers des Français de l’étranger permettent de faire remonter du terrain les problèmes qui concernent les Français de l’étranger et d’attirer l’attention des parlementaires sur ces sujets. Il pense que les Français de l’étranger ont le droit d' avoir un regard sur le débat national, car ils peuvent témoigner d’une expérience enrichie de la vie à l’étranger. La France peut apprendre de ces expériences-là. 

Pour le Député, la représentation des Français de l’étranger est très riche mais aussi fragile. “C’est notre responsabilité de l’expliquer” nous explique-t-il, “il faut inciter les gens à voter." 

Richard Yung enchaîne pour expliquer que les parlementaires sont là pour faire remonter ce qui concerne les Français de l’étranger et défendre les problématiques, mais qu’ils ne doivent pas se cantonner uniquement à la partie des Français de l’étranger. 

Marie-José Caron appuie le fait que les Conseillers des Français de l'étranger sont des élus proches du terrain. Ils siègent dans les commissions pour attribuer les bourses scolaires et se réunissent pour cela 2 fois par an.

Pierre Touzel poursuit pour dire qu’il faut saisir cette chance de pouvoir participer à la construction de la France et que les Conseillers sont des relais à travers les élus. Ils apportent un regard sur le monde. 

Selon lui, la France a donné beaucoup à ses ressortissants: une éducation, un système de santé et qu’il faille qu’on le lui rende, en saisissant ce devoir de citoyen à travers le fait de s’exprimer dans les urnes.

Pour répondre à la question de la différence concernant la différence de rôles entre les conseillers des Français de l’étranger et les ambassadeurs, Alexandre explique que l’Ambassadeur c’est la représentation de l'exécutif de l’État, il met en œuvre ce que l’Etat central lui dit de faire, tandis que les Conseillers des Français de l’étranger sont élus et leur rôle est d'être le porte-voix des Français.

Il n’y a pas de liens hiérarchiques entre les deux parties. Ce sont deux pouvoirs différents. 

Quand un citoyen a une idée, un concept novateur, le sénateur explique qu’il vaut mieux passer par son conseiller des Français de l’étranger car si un citoyen saisit directement son parlementaire, celui-ci demandera souvent l’opinion du conseiller des Français de l’étranger avant d’aller plus loin. 

Pierre Touzel insiste sur le fait que les Conseillers des Français de l’étranger sont des personnes sollicitables. Les Députés et Sénateurs sont à l’écoute de leurs Conseillers. Un lien privilégié est engagé avec eux. Il définit le rôle du Conseiller par être un connecteur.  

Comment ces différentes instances interagissent-elles ensemble ?

Pour le Député, c'est très simple, “On interagit entre nous car on interagit toujours et tout le temps”. 

Il explique qu’il y a deux types de problématiques. 

Certains problèmes prennent du temps à être résolus car ils demandent un changement de loi. C’est le fruit d’un travail permanent entre élus nationaux qui par leur rôle ont un accès privilégié aux instances de décisions à Paris et élus locaux qui sont au centre de ces trois pouvoirs, de l’ambassade, de la réalité du terrain avec les Conseillers des Français de l’étranger et des élus nationaux pour parvenir à des résultats.

Parfois il y a des situations particulières et parfois on peut débloquer une situation très rapidement, grâce à cette relation qui existe entre les Conseillers des Français de l’étranger et les élus nationaux.

Marie-José enchaîne “On est là pour rappeler vos intérêts et les défendre.”

Pour Alexandre, l’un des avantages d’avoir une relation proche avec les élus nationaux permet de pouvoir discuter avec les élus locaux.

Pour Pierre Touzel, les Conseillers des Français de l’étranger s'attellent à remettre de l’humain dans les interactions pour avoir l'accès à l’information.

L’AFE est consultative nous explique Marie-José Caron. Les Conseillers élus a l’AFE travaillent en commission et émettent des vœux. Pour l'élue, le travail à l'AFE est très concret. Le but c’est d’appuyer les budgets. Les groupes constitués à l’AFE font remonter des manques. 

Pour Pierre Touzel, “on a les yeux rivés sur le terrain. À l'AFE, on est des élus Conseillers des Français de l’étranger nous-même. L’ AFE ne devrait pas être juste consultative et il faut qu’elle s'améliore encore. Sans l’AFE, il n'y aurait pas la vision globale car le monde entier est réuni dans une pièce.”

Alexandre Holroyd explique que l’ AFE se penche spécifiquement sur les sujets des Français de l’étranger alors que les parlementaires sont appelés à voter toutes les lois au Parlement, y compris celles qui concernent les métropolitains. Les parlementaires représentent le peuple sur tous les sujets, ils vont se poser des questions sur des sujets nationaux alors que dans ces grandes lois, il peut y avoir des parties spécifiques qui concernent uniquement les résidents de l’étranger. 

Pour Richard Yung, l’AFE est une source de réflexion pour les parlementaires, car elle globalise un certain nombre de problèmes et de recommandations. Il dit comprendre mieux les actions à mener après avoir discuté avec les Conseillers de l’AFE.

“L’AFE c’est un laboratoire de réflexions pour nous” conclut le sénateur. 

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